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Pour Macron, le Covid-19 doit nous désapprendre à être une « société d’individus libres »

Précédant cette phase de confinement, une phrase du Président de la République Emmanuel Macron m’a crispé tout particulièrement en tant que citoyen attaché à nos libertés dans les faits, et non seulement dans les discours. Il dévoilait l’aspect le plus liberticide des mesures prises dans le cadre de ce confinement subi plus que réellement choisi:

« On s’était habitués à être une société d’individus libres. Mais nous sommes une nation de citoyens solidaires. »

Emmanuel Macron, allocution télévisée le 14/10/2020

« Oui, nous (ne) serons (jamais) prêts »

Car le nombre de facteurs de coercitions est le révélateur des défauts (sans compter les mensonges) de l’exécutif dans la gestion de cette crise. Défauts de diagnostics et défauts de langage. Edouard Philippe a reconnu une « erreur de communication » à propos de son fameux « Le masque en population général, ça ne sert à rien ». Chacun a en mémoire l’assurance de Macron quand il affirmait: « Oui, nous serons prêts » en cas de deuxième vague. C’est sur les français que repose la totalité de la charge de la lutte contre l’épidémie.

« Je n’aime pas l’aide que nous soyons conduits comme des moutons par des bergers qui ne sont pas de smilles animaux que nous et qui bien souvent en sont de pires. »

Alexis de Tocqueville

Les français l’ont bien cherché

Face aux mécanismes de peur à l’oeuvre tous les soirs avec des chiffres de mort (parfois faux) et de cartes multicolores, le politique est comme paralysé par l’ombre portée d’un virus. Car le principe de précaution couplé au célèbre quoi qu’il en coute aboutit à préserver les corps plus que le esprits. À défaut de rendre fou, comme l’écrivait Bernard Henri Lévy, ce virus rend idiot. On a même entendu le troisième personnage de l’Etat, Richard Ferrand, expliquer que si les français contractaient le virus, c’est qu’ils étaient « irresponsables ».

Dans le même ordre d’idée, Olivier Véran maniait l’infantilisation à son plus haut niveau: Les français auraient « considéré un peu trop vite, malgré les discours que nous tenions, que ce virus avait disparu ».


L’Etat n’a ni souplesse ni transparence face aux virus

Cette crise a agit comme révélateur de la lourdeur des hauts fonctionnaires et de l’administration: à la fois celle de l’hôpital, mais aussi celle des Agences Régionales de Santé (ARS) et de toutes les agences satellites du ministère de la Santé. Cet « Etat Profond » n’a jamais jugé opportun de faire appel aux maires et aux collectivités locales, qui ont davantage une vision du terrain que la plupart des énarques.
Une des multiples illustrations de lien rompu est l’initiative du maire de Sceaux, Philippe Laurent, qui, début avril, imposait le port du masque dans l’espace public, soit 5 mois avant que la mesure ne soit obligatoire sur tout le territoire. Le paradoxe suprême de cette anecdote est que, depuis que son arrêté a été cassé, aucune preuve de contamination dans la rue n’a été porté à la connaissance des français. Le seul argument – qui n’en est pas un – qu’on puisse entendre en lieu et place est que le masque permet visuellement de signifier aux gens que le virus est. Toujours. Là.

Si l’on se déporte à l’échelle mondiale, on ne compte plus le nombre de volte-faces de l’OMS dans le discours sur la maladie: n’oublions pas qu’à la mi-janvier, la transmission inter-humaine était « impossible », puis, que jusqu’en juillet que sa transmission ne se faisait que par voie aérienne. Et la liste est encore longue. Les découvertes s’accélèrent sur le virus et sa transmission et ceci fracture les acquis précédents – ce qui est le cours intemporel de la science – les opinions mondiales se crispent et prospèrent, en réaction, les fake news et les complotites de tout ordre.


Infantilisation ou infantilisation volontaire?

L’échec spectaculaire du gouvernement à assurer la sécurité de ses citoyens a également été l’occasion de le masquer en usant d’un autre paradigme, celui d’un état d’urgence sanitaire (d’aucuns diraient un état nounou) quasi-permanent, sans ligne d’arrivée. Le fait d’avoir libéré par anticipation des milliers de prisonniers pour libérer des places de prison en est la plus belle illustration.
Comme si tous les dirigeants occidentaux (à l’exception de Donald Trump, dont le sort électoral va dépendre de ce que les américains vont lui reprocher ou non sa gestion laxiste de la crise) cherchaient à gagner en crédibilité en utilisant la figure du médecin en ce qu’elle est selon la séquence politique voulue, angoissante (pour mettre le masque chez soi à tout moment ou transformer l’esprit de Noël en un « Noël de combat » contre le virus) ou rassurante (pour mettre les enfants à l’école).

A ce titre, il est symptomatique qu’Olivier Véran soit le seul avatar de la première vague à avoir été repêché par Macron à l’issue de la nomination de Jean Castex à Matignon.

Gare à une défiance vis-à-vis du monde médical tout-puissant mais peu-sachant qui pourrait se muer en une exaspération qui pourrait mener à de nouveaux « Gilets jaunes » de la médecine.

« Deux maux contradictoires nous affectent simultanément: la désinhibition générale par la parole et l’abrogation du monde réel par la bien-pensance. »

Alain Finkielkraut, entretien à Causeur, septembre 2020

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